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Les auteurs et leurs textes

 

Jean-Charles MICHEL

Membre fondateur des Poètes du Dimanche, Jean-Charles MICHEL a choisi de nommer ainsi cette association car  pour lui le dimanche représentait la fête, la tendresse, l'évasion, la liberté, et qu'en somme la poésie ne pouvait que s'en féliciter. Louis DELORME, Câline HENRY-MARTIN, Serge LARDANS, et André MARTIN l'ont  soutenu et accompagné dans le projet de créer une anthologie annuelle de forme coopérative. Les poètes du Dimanche ont vu le jour en 1994.

"Des rêveurs à la ligne", voilà ce que nous sommes, se plaisait à répéter Jean-Charles.

Poète jusqu'à son dernier souffle, il nous a quittés le 17 novembre 2009. Pendant toutes ces années, il n'a cessé d'oeuvrer pour l'idée qu'il se faisait de la poésie.

Jean Charles Michel dit son poème : "Entre Chats".

JC MICHEL dit son poème

 

ENTRE CHATS

Je suis dormeur comme un vieux chat,
La tête entre mes deux oreilles,
Je n’entends rien mais je surveille
Les entrechats des petits rats.

Je fais des rêves d’opéras
D’Alice au pays des merveilles,
Lorsque ma trogne s’ensoleille,
Je cherche l’ombre des lilas, 

Mon matou lisse ses moustaches,
Il ne supporte nulle attache
De collier autour de son cou.

Jumeaux siamois dits de gouttière
Notre dignité coutumière
A rendu les cabots jaloux.

Andrésy, le 31 août 2007

L'INCORRIGIBLE

Petit poète des banlieues,
A la limite du non-lu,
Dans le courant du farfelu
Chausse ses bottes d'une lieue

Pour s'en aller dans la nuit bleue
Chercher le Poucet disparu
Au bois de l'ogre m'as-tu vu
Où le loup blanc se mord la queue.

Il en a suivi des comètes,
En a brûlé des allumettes
Pour se chauffer les doigts l'hiver,

Il en a gobé des mensonges,
Pourtant il entretient ses songes
En quête du soulier de vair.

Andrésy, le 27 mai 1996

BILAN DE CLOTURE

 C’est vrai qu’elle a sonné l’heure de la retraite,
Je devrais arrêter de noircir mon cahier,
Je ne peux plus poser le pied sur l’étrier,
Pégase est devenu rétif à ma requête.

A défaut d’être en selle, assis sur la sellette,
Je n’ai pas d’intérêt, surtout par mon banquier
Qui veut me facturer le coût de mon chéquier,
Quand j’ai payé d’avance un gîte à mon squelette !

A ce prix, suis-je sûr qu’on laisse reposer
Mon crâne en un endroit où il pourra causer
Toute une éternité avec ma parentèle.

Je n’en suis pas certain, pourtant j’aurais aimé
Voir depuis la colline, sans aube et sans coucher
Un retour spontané d’amours et d’hirondelles.

        Andrésy, le 28 août 2006


Je voudrais un Dieu bon, présent dans la lumière
Du soleil de septembre, où tout est accompli,
Qui me prendrait le bras, et me dirait, ami,
Les feuilles vont demain renouveler la Terre,

Qu'as-tu fait de ton temps, celui d'amour, de guerre,
Ton livre d'heure est-il à jour en ce midi ?
Qui sait ! Mon Dieu, peut-être, et je n'ai rien compris,
Soyez grand, soyez bon, dépourvu de mystère,

Et prenez-moi la main jusques au tumulus,
Et faites de mon corps gavé, un peu d'humus,
Qui donnera la sève au rosier d'églantine,

Inutile et sauvage, et fou comme je fus,
Pour lui, gratuitement, je ferai des rébus,
Il ouvrira ses yeux pour moi sur la colline.

    Andrésy, le 3 janvier 1981
Extrait de Chantier Naval (paru en 1986).


LONGUE VEILLE À L'AMITIÉ


Il est sur la tranchée une statue qui voit
                    Paul Fort

La brume du matin s'étire jusqu'au bois
Que rejoignait hier un vol de tourterelles,
Caressant la futaie d'une griserie d'ailes,
La brume du matin emmitoufle des voix

Remémorant en nous nos anciennes joies,
Amours et amitiés viennent en ritournelles
Nous chanter le printemps, embaumeur de tonnelles
Et les petits chemins valant royales voies.

Il a neigé pourtant sur la plaine morose,
Donnons un fagot sec à l'âtre et regardons
Au solstice d'hiver s'épanouir une rose ;

Sans nous brûler les doigts, dégustons les marrons,
Enrêvons-nous heureux, vois ! Ton bon vieux chien veille
En s'enrêvant aussi, le cœur à fleur d'oreille.

Andrésy, le 29 décembre 1983

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