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Pierrette CHAMPON-CHIRAC - Réquista (Aveyron)



LE POÈTE


Le poète, homme aventureux,
Suit des chemins souvent scabreux.
Quand la fougue des mots l’emporte
Devant lui se ferme la porte
De ses ennemis plus nombreux.

Il vit des moments douloureux,
Dans la tristesse, malheureux
Mais personne ne réconforte
Le poète.

Moraliste, trop rigoureux
On le prend pour un vaniteux
Et ses opposants en cohorte
À ne plus rien dire l’exhortent.
Est-ce qu’il serait dangereux,
Le Poète ?

LE TEMPS


Le temps s’est enfui comme un rêve
Et quand l’existence s’achève
On est surpris, on est déçu
De voir que l’on n’a pas vécu
Alors que la mort nous enlève.

Sachons que l’existence est brève,
Que les heures passent sans trêve ;
Avant qu’on s’en soit aperçu
Le temps s’est enfui.

La vague vient, meurt sur la grève,
Puis une autre prend la relève
Dans un mouvement continu
Qui jamais n’est interrompu.
La nuit tombe, le jour se lève :
Le temps s’est enfui.

ELLE ATTEND


Elle attend dans le contre-jour
Que quelqu’un lui dise bonjour,
Sur une chaise, toute frêle,
Dans son beau corsage en dentelle,
Bordé de noir sur le pourtour.

Elle contemple tour à tour
Les gens qui passent dans la cour,
L’un d’entre eux viendra-t-il pour elle ?
Elle attend.

Ses enfants l’ont conduite un jour
Au foyer, pour un long séjour :
« Ah ! Tu verras, la vie est belle ! »
Bien sûr, ils n’ont plus besoin d’elle !
Croyant encor en leur amour,
Elle attend.

PASSANT


Passant, rencontré par hasard
Fais-moi l’aumône d’un regard
Pour que l’amitié puisse naître,
Et m’apporte un peu de bien-être
Au lieu de fuir dans le brouillard.

Je suis seule et j’ai le cafard
En ce jour de la Saint-Médard
Dans le froid vif qui me pénètre
Passant.

Tu marches droit sans un écart
Oh ! Certes tu n’es pas bavard.
Serais-tu triste aussi peut-être ?
De ton cœur ouvre la fenêtre
Vite avant qu’il ne soit trop tard
Passant !


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