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Marc LUQUET - Villeneuve-les-Sablons (Oise)




BABEL




C’est à mon tour de délivrer mon message,
Mais je ne connais que la langue de l’angoisse !
Dans une tour, enfermé tel un enfant pas sage,
Qui supplie en silence un amour qui défroisse.

Dans la cale sabordée d’un ouvrage en naufrage,
Recroquevillé dans un coin, les esclaves me toisent,
Mes chaînes trop lourdes, en plein milieu de l’orage,
Personne ne semble comprendre mes piteuses ardoises.

Dans le souffle froid et poussiéreux du bâti de ces étages,
S’engouffrent les soupirs vénéneux de toutes les paroisses
Qui se gravent aux fragiles parois comme sur des pages,
Telle une dentelle aux abois que personne n’apprivoise.

Pas besoin d’interprète, mais de sentiments, pour cette cage,
C’est le mur des Lamentations et le Taj Mahal qui se croisent :
De la terre aux cieux, Babel comme un mystérieux passage,
De la vie à la mort, universelle, qui nous reluque, narquoise.







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