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                            Pierre OSENAT 


CES MARINS


Ceux qui partent là-bas, plus loin, on ne sait où,
Sachant qu'il est toujours plus tard qu'on ne le pense,
Ceux qui veulent percer le secret du silence
Et qui prêtent l'oreille aux conques des remous,

Ceux qui n'ont que leur cœur pour écoper la peur
Suivent à l'horizon un chemin d'infortune,
Une vague houleuse amoureuse de lune,
Un regret plus vivant que l'océan trompeur.

Ceux dont l'éternité ne serait qu'un reflet
De l'impossible en cale au fond de la mémoire
Ont brûlé leurs vaisseaux dès l'aube de l'histoire
Sans toucher à ce port où l'homme sait qu'il est.

Ces marins revenus d'une mer immobile,
Seuls capables d'entendre à l'intérieur du chant
La voix du ciel friable et l'angoisse du temps,
Sont-ils vivants ou morts sur les cartes d'une île?

 OÙ FINIT L'INFINI


Lorsque la mer a mis son beau ciré marin,
Prête à quitter l'abri de son embarcadère,
Des hommes sont venus, des hommes de mystère,
Ils ont tendu les mains pour dénouer l'orin.

Dans leur gousset sonnaient les thunes de l'oubli
Et des mots repêchés pour en faire un poème ;
Sur la carte ils cherchaient où finit l'infini,
Où va le cœur sur ces chemins de mi-carême.

La houle nous mena suivant les cris du sterne
Vers d'autres méridiens, par le travers du ciel,
Vers ces ports de la nuit où rôde la galerne,
Où sont partis tous ceux qui pêchent l'éternel.

Dans "les poètes du dimanche", tome IX

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