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                            Nelly POIRIER – Saint-Martin-du-Vivier (Seine-Maritime) 

À mon amie Danielle (acrostiche)
 

VIEILLIR JEUNES

 
VIEILLIR est un art difficile,
Il ne se nourrit que d'amour.
Enfants au loin, proches fragiles,
Il faut cueillir au jour le jour
Le petit mot, le coup de fil,
L'amitié et des doux plaisirs,
Ignorant les forces qui filent,
Rêver souriant l'avenir.
 
JEUNES, nos cœurs sont d'abord
En "cultivant notre jardin" :
Un livre, un poème, un trésor
Nous font de mémoire gardiens
Et c'est si bon d'apprendre encore,
Savoirs échangés, tiens ou miens !
 
 

MARIAGE

 
La petite fille a grandi,
Lâché depuis longtemps déjà
Nos mains et fait ses premiers pas…
Un jour elle m'a dit : "C'est LUI,
Il hésite mais il est tendre,
Je l'aime et je saurai l'attendre".
 
Maintenant unis pour la vie,
Enfants, gardez votre bonheur !
Se marier n'est pas une fin :
De votre amour chaque matin
Prenez soin comme d'une fleur,
Claire et Baptiste, tant chéris.



 
 

Astéroïde H 2011

 
Seule j'ai préparé deux ans
L'été unique ramenant
A la maison tous les enfants,
Du petit dernier aux plus grands.
 
Ce fut une saison à part :
Les joujoux sortis des placards,
A chaque étage un doux bazar,
Ménage remis à plus tard…
 
Çà et là des lits rajoutés,
L'espagnol mêlant le français,
Apprentissages et progrès,
A nouveau jour nouveaux projets.
 
Bizarrement coupée du monde,
Aux amis je n'ai pu répondre :
Il semblait que les heures fondent
Sur cette étrange mappemonde.
 
Cœur battant et portes ouvertes,
Aux rêves de chacun offerte,
Ma maison s'est faite planète,
Vaisseau de mille découvertes.
 
Fin de cette ambiance exotique :
L'avion a rejoint l'Amérique.
A rentrer chez moi je m'applique
Mais vogue sur des harmoniques…
 
Au jardin s'ouvrent les colchiques.

MONT SAINT-MICHEL


Dans son recul le flot, que le soir ensoleille,
Dessine des serpents, flaques d'or et d'argent.
À perte de vue l'eau révèle en s'en allant
Un grimoire infini : tangue, lises, paumelles.

Ses cendres dans le vent, solitaire tu rêves :
Comme Sa vie, la mer se retire au lointain.
Le Mont, à marée basse, doucement s'éteint.
Entre les ruisselets, tu erres sur la grève…

Il n'est plus grand secret que le fil d'horizon
Quand le soleil couchant tarit l'encre au calame,
Il n'est secret plus lourd que le trouble de l'âme
Dans la nuit où l'espoir enfui se fait poison.

L'écho des vagues meurt dans la baie endormie,
La douleur et le doute sont sables mouvants.
Pour ne pas t'enfoncer, marche, va de l'avant,
Trace un chemin léger, loin de la nostalgie.

Au retour du matin, resplendit l'ange d'or.
Du haut de la Merveille il te montre la voie,
La marée a rejoint les îlots qu'elle noie,
C'est au présent qu'il faut admirer le décor.

La pluie discrète écrit du ciel à l'océan…
Un doux sourire au cœur enchante alors ta plume,
Poète, toi qui sais attendre que l'écume,
Comme tes larmes, sèche en se mêlant au vent.

11 décembre 2012



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