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                            Georges RABAROUX - Meulan (Yvelines)

 

LES PETITS TRAINS

 
Les petits trains de l’ancien temps,
reliaient entre eux les villages,
laissant planer dans leurs sillages
les fins et sinueux nuages
cherchant à marquer leurs passages,
au ras des hameaux et des champs.
 
Les petits trains de l’ancien temps,
je les revois dans mon enfance,
qui roulaient avec nonchalance
vers chaque commune de France,
ils assuraient, par leur présence,
le transport de nos paysans.
 
Les petits trains de l’ancien temps
crachaient le feu, toussaient, sifflaient,
dans les côtes s’époumonaient,
mais poursuivaient leurs randonnées
par les plaines et les vallées,
deux fois par jour, intermittents.
 
Les petits trains de l’ancien temps
étaient actifs les jours de foire.
Laisseront-ils dans notre Histoire,
sinon une page de gloire,
du moins un souvenir notoire
à retransmettre à nos enfants ?
 
Dans « Les poètes du dimanche », tome XII
 
 

LA GENTILHOMMIÈRE DES BOIS (ballade)

   
 
Cachée comme un nid d’oiseau
Parmi les arbres centenaires,
Et se mirant dans un ruisseau
Qui gazouille au milieu des pierres,
Elle abrite en ses murs austères
Une famille d’autrefois
Et conserve tous ses mystères…
La gentilhommière des bois.
 
Sous la tutelle du coteau
Qui depuis près d’un millénaire
La protège de son manteau,
Elle fut le témoin naguère
De la querelle et de la guerre
De divers seigneurs aux abois,
Mais elle y survécût, altière,
La gentilhommière des bois.
 
Et quand, sur un petit bateau
Flânant au fil de la rivière,
Ou sur la route au bord de l’eau,
En famille, ou bien solitaire,
Le promeneur rêve chimère,
Son œil s’attarde quelquefois
Sur ce témoin qui l’indiffère :
La gentilhommière des bois.
 
Envoi
 
Prince ou manant, sur cette terre,
Notre Histoire est entre nos doigts
Et sa survie est notre affaire… !
 
La gentilhommière des bois
À tous adresse une prière :
Aidez-moi !  


AUX POÈTES QUI NE SONT PLUS


Aux poètes qui ne sont plus
Il est bon de rendre un hommage,
Pour que leurs poèmes soient lus
Et qu'ils sortent du marécage
Où la mort les fit s'engloutir.

Ceux d'entre nous qu'ils ont connus
Ont un devoir de témoignage :
Que leurs talents soient reconnus
Malgré le temps et malgré l'âge
Qui les empêchent d'aboutir.

Beaucoup de noms et peu d'élus
S' inscrivent dans le paysage
Qui porte un grand nombre d'exclus
Dont a disparu le visage
Que le néant veut recouvrir.

Journaliste, viens secourir
Les Poètes qui ne sont plus.

 Dans "les poètes du dimanche", tome XIV



DÉFENSE DE LA POÉSIE CLASSIQUE

(ballade)

De la beauté de la nature
Dont elle fête la grandeur
Quand s'épanouit la verdure
Et qu'au soleil s'ouvre la fleur,
Quand pour le pire et le meilleur
Nous célébrons un mariage...
Pour nous en réjouir en chœur
La poésie est témoignage.

Dans sa clarté, sa forme pure
Que respecte le bon auteur,
À la fois musique et peinture
À la recherche de hauteur,
Elle doit être le moteur
Nous guidant vers d'autres rivages...
Avec passion et ferveur
La poésie est témoignage.

Pour défendre dans sa structure
La langue française et l'honneur
De toute la littérature
Qui de chacun fit le bonheur,
Et qui berce encor notre cœur
Par son grand amour du langage,
De la France en ambassadeur*
La poésie est témoignage.

Envoi

Veuillez nous accorder, Seigneur,
Du français un parfait usage :
Si le poète est un rêveur
La poésie est témoignage.



* L'ambassadrice est la femme d'un ambassadeur !

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