Henri Heinemann et les poètes du dimanche

    Ceux là ne se poussent pas du col, jonglent avec la rime si ça leur chante, mais s’en passent le cas échéant. Ils ne se prennent ni pour Victor Hugo ni pour Paul Valéry, même s’il leur arrive de les admirer. Ce sont des rêveurs, c’est vrai, pas forcément de doux rêveurs, comme on dit des «imbéciles heureux». Simplement des gens qui ont dans l’âme une petite chanson, une petite révolte, une petite passion, une petite musique. Comme ils ne sont pas vaniteux, comme ils ne se veulent pas plus hauts que leur taille ; ils s’appellent les «poètes du dimanche» et revendiquent leur statut de «rêveurs à la ligne».

    N’y a–t-il pas des pêcheurs à la ligne qui vont tâter du goujon chaque fin de semaine et ne se prennent pas pour des pros ? Vous y êtes, vous avez compris. Au début, on ne les a pas pris au sérieux. Depuis quand la France d’en bas fait-elle la nique aux créateurs patentés et vaccinés et médaillés ? Ils disaient autour d’eux : venez donc faire un petit tour avec nous, et si vous avez quatre lignes ou plus qui vous grattent le cœur, venez, on va faire un bouquin à nous. Pas de patron, pas d’académie, pas de thème imposé, pas de règles compliquées. Dites simplement ce que vous avez sur le cœur, dans le cœur. Ainsi naquit le premier tome des poètes du dimanche.

    Le premier tome ? Parce que… Bien sûr que l’on ne s’est pas arrêté en chemin. Quand Dieu a fait des rêveurs, il en a rempli les campagnes et les villes. Et puis, des poètes plus expérimentés sans être bêcheurs… donc rêveurs, rêveurs à la ligne, y sont allés de leur gentil couplet, pas un de plus : tous les poètes du dimanche sont égaux.

    Vous aimeriez en savoir plus : c’est ce qui m’est arrivé un jour, et je n’en suis pas guéri !