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Jean-Baptiste BESNARD - Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines)


REVEIL PRINTANIER


Le jour épanoui sort du bourgeon de la nuit,
La lune s'éteignant sur la plaine embrumée,
Les collines baignant dans l'épaisse fumée
D'un brasier d'où s'élance une flamme qui luit
Et l'oiseau du plaisir s'enfuit de la volière
Où il était captif depuis de nombreux jours ;
Il va faire son nid au cœur de l'écolière
Qui va dans la forêt retrouver ses amours.

Sur l'arbre, le bourgeon s'étoile de résine
Et la feuille mendie au soleil qui lésine
Un peu de sa chaleur et le fruit trop amer
Écarte les oiseaux qui picorent les gerbes.
Alors qu'un jour de chair respire sur la mer,
Sur les champs vagabonds où frissonnent les herbes,
La brume du matin s'estompe peu à peu,
Dans un silence chaud où le ciel se fait bleu.

Lorsque les doigts de l'aube éparpillent les brumes
Et que le vent musarde à travers les roseaux,
De leurs nids bien douillets s'envolent les oiseaux,
Après avoir secoué le sommeil de leurs plumes.
J'écarte les volets de toute la maison
Pour l'ouvrir aux parfums des fleurs de la saison.
Tout frétillant, le toit est comme un poisson rouge
Dans un vaste bocal nuageux où le ciel bouge.  

Extrait de "Fantaisies en bleu et gris"

PRIX PAUL FORT 2011


SUR LA GRÈVE

1

Tout au bord de la grève,
Bientôt le soleil lève
L’ancre de son escale
Vers l’horizon d’opale.

Pour un autre univers
Aux grands espaces verts,
Lentement appareille
Sa lumière vermeille.

    2

La tempête attise le feu
Dans l’arbre que frappe l’orage.
L’émeraude se mêle au bleu
Et la mer n’est plus qu’un mirage.

    3

L’essaim des brises cristallines
Survole la côte écumeuse
Et de longues mains lumineuses
Arrachent les algues marines.
Quand le bleu vivant de la mer
Avec le bleu figé du ciel
Colore un horizon trop clair
D’où s’élève un soleil de miel.

    4

Avec sa fougue végétale,
La campagne à l’horizon bleu
Aura rejoint la mer étale
Que le soir ombre peu à peu.

    5

Dans un incendie bleu
Avec des flammes d’or,
Toute la clarté pleut
Sur la rumeur du port.

J’AIME LA MER


J’aime la mer violente
À la vague furieuse
Et non la mer trop lente
À la vague rieuse.

J’aime la mer sauvage
Qui griffe le rivage
Et non la mer trop douce
Comme un tapis de mousse.

J’aime la mer si fauve
Qui vient en rugissant
Du large en bondissant :
Tout le monde se sauve.

J’aime la mer d’écume
Qui fonce dans la brume,
Les vagues en avant
Poussées par le vent.

J’aime la mer tigresse
Qui me remplit d’ivresse,
Perché sur le récif
Du rivage lascif.

J’aime la mer sinistre
Qui ricane la nuit
Quand plus rien ne reluit
Dans un ciel couleur bistre.

J’aime la mer brutale
Qui cogne le rivage
Et non la mer étale
Sur une côte sage.

DANS LE JARDIN

        1


Les roses du jardin embaument tes deux mains.
Comme deux papillons qui agitent leurs ailes,
Elles volent dans l’air et frôlent les jasmins,
Avant de composer des bouquets de fleurs frêles.

Un insecte velu bourdonne, le matin,
Au-dessus du parterre où tremble la rosée.
Il boit sur une feuille une eau fraîche irisée
Par la vive clarté d’un soleil très mutin.

       2


Les nuages en grappes vermeilles
Pendent de tous les arbres verts
Dont les bourgeons à peine ouverts
Regardent le vol des abeilles.

Le jour écarte ses pétales
Entre les branches engourdies ;
Sa lumière jaune s’étale
Sur le rire bleu des prairies.

        3


Un envol de bourdons du cœur blessé des roses
M’annonce l’abandon à des pensées moroses.
Je marche, vagabond, dans des lieux désertés
Avec des souvenirs qui se sont délités,
Sans espoir à venir dans une âme trop lasse,
Quand on veut retenir un oiseau dans l’espace.





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